KIM FOWLEY IN FRENCH PAPER LIBERATION

 In Tippex bands, Tours

A portrait of Kim Fowley has been published in the French paper today. You can find the online article here, written by Sophian Fanen.

Culte – A 72 ans, le musicien proto-punk, en tournée européenne, est l’invité du festival Sonic Protest, jeudi à Paris puis en province, pour une performance déjantée.

Evoquer le nom de Kim Fowley en 2012 déclenche une question récurrente : «Il est encore vivant, ce type ?» On a testé, ça marche à chaque fois ou presque. Non pas que le musicien américain ait atteint un âge délirant (il a 72 ans au dernier pointage officiel), mais plutôt parce qu’il a derrière lui une carrière à peine croyable et porte sur son corps les stigmates d’une vie bien remplie, en substances et en miracles médicaux.

C’est pourtant un homme débordant d’énergie qui décroche le téléphone depuis Los Angeles, pour parler de ses concerts à venir en France en compagnie de sa nouvelle muse sado-maso, Snow Mercy. La tournée – sa première en Europe depuis 2003 – débutera jeudi à l’occasion du toujours impeccable festival Sonic Protest, qui se fait depuis huit ans une spécialité des musiques en marge et autres performances multimédia (lire ci-contre).

Outrance. Kim Fowley sort tout juste d’une nouvelle opération chirurgicale, destinée à contenir un cancer de la vessie qui lui pourrit la vie depuis quelque temps, et il trouve ça «excitant». Après tout, il est déjà revenu «d’un cancer de la prostate et de la peau», de «neuf pneumonies» et de deux crises de polio. A chaque fois, il a mis en scène sa maladie, dans des chansons ou des vidéos. «La mort est mon projet à long terme, commente-t-il. J’irai alors bosser dans le restaurant de plage tenu par Satan. Je l’aiderai à organiser des concerts avec John Lennon, Jim Morrison et John Lee Hooker. […] Tous les musiciens terminent en enfer, seuls The Osmonds Brothers et Karen Carpenter s’emmerdent au paradis.» On peut faire confiance à Kim Fowley pour organiser une fête du feu de Dieu, et aussi pour raconter un peu n’importe quoi – sa mère, par exemple, est tantôt philippine, tantôt «à moitié amérindienne Blackfeet et à moitié écossaise».

Kim Fowley a saisi très tôt les principes du story telling et distille à outrance bons mots et légendes sur sa trajectoire artistique qui, pourtant, se suffit largement. Compositeur et producteur malin dans les années 50 et 60, il est un des pionniers des groupes préfabriqués, qu’il assemble et propulse depuis les coulisses avec des tubes imparables, prenant lui-même le micro sous pseudonyme s’il le faut.

De ce fatras discographique surnagent aujourd’hui quelques noms : les Hollywood Argyles avec Alley Oop, The Innocents avec Honest I Do, ou le boogie enflammé Nut Rocker pour B. Bumble & The Stingers. Dans la foulée, on croise Kim Fowley au sein des Mothers of Invention de Frank Zappa ou en studio avec Cat Stevens, avant qu’il ne signe son premier tube sous son propre nom en 1965 avec The Trip, une harangue psychédélique d’époque («Partons en voyage/ Il est temps de rêver/ Ferme tes yeux/ Maintenant ça balance, yeah/ Tout autour de toi»). En 1975, il réalise le plus beau coup de sa carrière de renard du music business en réunissant les Runaways autour de la jeune Joan Jett.

Dominatrice. Aujourd’hui, Kim Fowley est occupé à apparaître dans des documentaires à venir sur des artistes avec qui il a travaillé (Dick Dale, The Seeds, BMX Bandits) ou dans Sunset Strip, qui retrace l’histoire du bout de boulevard le plus célèbre de Los Angeles. Bon client pour les réalisateurs qui veulent mettre un peu de bazar punk dans leur film, il n’en poursuit pas moins une carrière de musicien intéressante, qui s’est éloignée du rock de ses débuts pour aborder au fil des années le glam à paillettes («J’ai porté du maquillage avant David Bowie»), la house, la jungle ou la country… Pour la tournée européenne qui commence, tout cela sera possible et plus encore, puisque Kim Fowley a décidé de monter sur scène «sans rien» et de suivre les envies du public («Venez avec vos instruments,» prévient-il). Seule certitude, il partagera la scène avec Snow Mercy, son nouvel amour trentenaire, rencontrée en octobre dernier dans des circonstances épiques. «C’était lors de Halloween. Nous participions tous les deux à une performance de la troupe The Art of Bleeding, qui recréait un accident sur une autoroute de Los Angeles. Tout le monde était couvert de sang et au milieu se trouvait un ring sur lequel Snow Mercy combattait avec une autre fille. J’étais le Monsieur Loyal du soir, et tout à coup, un couple sous LSD m’a amené son bébé en me disant qu’il était la réincarnation de Jésus et de Jimi Hendrix. On est tombés amoureux à ce moment-là.»

Amant transi de sa «giant baby doll» dominatrice qui alterne performances conceptuelles et distribution de fessées lors de soirées pour adultes, Kim Fowley entame avec envie son ultime grand œuvre mortuaire. «J’utilise l’énergie de la mort qui approche pour alimenter le moteur de ma créativité», explique-t-il. Et si le moteur cale, il pourra toujours compter sur un bon coup de fouet pour le faire repartir.

Article Sophian Fanen, photo Katie Callan

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